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Face au risque rocheux, comment mieux se protéger ?
Marion Bost, Ingénieure en chef des travaux publics de l’État, Docteure et Directrice du Laboratoire Risque Rocheux et Ouvrages géotechniques (RRO/GERS) et Anne-Sophie Colas Ingénieure divisionnaire des travaux publics de l’État, Docteure (RRO/GERS), Université Gustave Eiffel
Enjeu majeur de sécurité publique, le risque de chute de blocs rocheux ne concerne pas seulement les espaces montagneux, mais aussi les littoraux et les vallées. Si ce risque s’étend sur tout le territoire, la mise en œuvre des techniques pour le prévenir et protéger les zones habitables n’est pas uniformisée pour autant. Deux expertes de l’Université Gustave Eiffel, Marion Bost et Anne-Sophie Colas, décryptent le risque rocheux ainsi que les moyens de mieux le prévenir.
Comprendre le risque rocheux
Les incidents de chutes de blocs rocheux parsèment le territoire, des espaces montagneux au littoral, et dans certaines vallées. La taille et la vitesse des blocs, ainsi que les zones exposées, varient fortement et déterminent le risque d’un espace à l’autre. Bien qu’ils soient ponctuels, leur imprévisibilité accentue le risque pour les populations et pour le bâti. « Nous avons beaucoup de mal à établir la cause, à prévoir et à dimensionner de manière préventive les chutes de blocs » précise Marion Bost, Ingénieure en chef des travaux publics de l’État, Docteure et Directrice du Laboratoire Risque Rocheux et Ouvrages géotechniques (RRO/GERS) de l’Université Gustave Eiffel.
« Il s’agit de dynamique, donc il s’agit d’un phénomène qu’on ne maitrise pas totalement », ajoute Anne-Sophie Colas, Ingénieure divisionnaire des travaux publics de l’État, Docteure au Laboratoire Risque Rocheux et Ouvrages géotechnique (RRO/GERS) de l’Université Gustave Eiffel, qui développe :« Mais on observe un fort effet de la combinaison entre la masse et la vitesse du bloc, avec des vitesses inférieures à 100 km/heure ». Ces observations sont rendues possibles par des outils qui permettent aux chercheurs et chercheuses de mener des expérimentations à grande échelle. La station de chute de blocs de Montagnole, par exemple, permet de lâcher des blocs à plus de 13 000 kilojoules, ou encore la catapulte permet des essais jusqu’à 1 mégajoule.
Difficile à prévenir, ce phénomène de risque naturel nécessite d’autant plus la mise en place de plan de prévention des risques naturels. En définissant d’abord un zonage réglementaire, le Plan de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN) permet de délimiter les zones exposées et de fixer les conditions d’aménagement, en particulier en termes de règles de construction.
Retenir ou dévier
Dans les espaces habités, les collectivités peuvent protéger les zones par divers moyens : en provoquant la chute des blocs de manière sécurisée, en mettant en place un soutènement ou encore en fixant le bloc avec des boulons d’ancrage. D’autres techniques de protection existent, pour diminuer les conséquences du phénomène, en stoppant ou déviant sa propagation.
Les protections nécessaires sont parfois très onéreuses ; des coûts que les territoires ne peuvent pas tous endosser. « Il est nécessaire pour les acteurs publics d’étudier les scenarios les plus probables sur les aléas de départ, et de définir une stratégie de protection en procédant à des choix au regard de leurs finances », souligne Marion Bost. Et de conclure : « l’enjeu de nos recherches est d’améliorer la fiabilité des protections et la qualification de l’aléa de départ ».
Des phénomènes qui se modifient
La recherche et la mise en place de plan de prévention s’effectuent à la lumière des bouleversements climatiques. L’érosion et la fonte du permafrost provoquées par le réchauffement climatique amplifient ce phénomène de chute de blocs rocheux. Les chutes de blocs rocheux évoluent dans les zones peuplées. « Dans la zone métropolitaine habitée, on n’observe pas de recrudescence, mais les chutes de blocs interviennent maintenant tout au long de l’année », observe Marion Bost.
L’érosion des pieds des littoraux par exemple amplifie le retrait des côtes. La recrudescence des incendies endommage aussi les structures de protection ainsi que la végétation qui assure parfois ce rôle de protection en soutenant les blocs.
Le phénomène de chutes de blocs est un risque ponctuel qui affecte des territoires de plus en plus aménagés. Observé et étudié de près par la recherche, le risque rocheux préoccupe davantage certaines politiques urbaines.
Glossaire
Risque rocheux : Quand l’aléa peut rencontrer un enjeu (endommager des infrastructures, danger pour les populations, etc.).
Joule : Unité de l’énergie. Un joule correspond au travail d’une force d’un newton sur un mètre.
Zonage réglementaire : Combinaison de la carte des aléas et de la carte des enjeux d’un territoire.
Vous souhaitez en apprendre davantage sur les crues soudaines ?
Le sujet était au cœur du webinaire « Attention danger : chutes de pierre ! Le risque rocheux » proposé par l’Université Gustave Eiffel et le CMVRH1, une conférence d’1h30 proposée en replay et destinée à éclairer les politiques publiques.
1Centre ministériel de valorisation des ressources humaines
L'interview a été réalisée par la Vice-Présidence Appui aux politiques publiques
Fiche d'identité de l'article
Titre : | Face au risque rocheux, comment mieux se protéger ? |
Expertes interviewées : | Marion Bost et Anne-Sophie Colas, Université Gustave Eiffel |
Licence : | Cet article est publié sous licence CC BY-SA 4.0. |
Date de parution : | 20 novembre 2024 |
Langues : | Français et anglais |
Mots clés : | Risque rocheux, carte d'aléas, chute de blocs, CMVRH |