Les métamorphoses, entre fiction et notion

Juliette Azoulai, Azélie Fayolle et Gisèle Séginger (Dir)

À travers un ensemble de textes qui explorent la notion de métamorphose, l’ouvrage interroge la relation entre recherche scientifique et création artistique du XVI^e au XXI^e siècle.

La science et l’art ont une vocation commune : décrire, par l’analyse raisonnée ou l’imagination créatrice, les mécanismes de la vie afin d’en percevoir les mystères, à défaut de les résoudre. Centré sur la représentation des métamorphoses naturelles, Les Métamorphoses, entre fiction et notion développe ainsi une réflexion sur les interactions qui se créent entre les approches scientifiques et artistiques du phénomène. Sous la direction de Gisèle Séginger, Juliette Azoulai et Azélie Fayolle, l’ouvrage regroupe 18 textes produits dans le cadre d’un programme de recherche du laboratoire LISAA* qui visait à cerner l’émergence et l’évolution de l’idée de métamorphose à travers les siècles.

Naissance d’une notion

Jusqu’au XVI^e siècle le mot “métamorphose“ reste rare dans les travaux scientifiques et l’idée qui lui est rattachée correspond encore parfois à un mode de pensée magique voire occulte. À cette même époque, l’engouement pour l’Antiquité inspire les artistes dont les créations s’imprègnent des histoires mythologiques de dieux transformés en mortels, en animaux ou en éléments de la nature. Inventée dans le domaine de la fiction, l’idée de métamorphose va devenir progressivement une notion scientifique, d’abord en entomologie puis en botanique, en particulier à partir de la seconde moitié du XVIII^e siècle lorsque l’étude de la nature se développe. Durant le siècle suivant, le phénomène tient une place prépondérante dans l’étude du vivant tandis que le succès de l’idée de métamorphose contribue, par ailleurs, au développement d’un merveilleux scientifique qui alimentera de nouvelles formes artistiques, de la poésie du XIX^e siècle jusqu’au théâtre ou au cinéma contemporain.

Une approche épistémocritique

Si l’ouvrage s’attache à présenter l’évolution de la notion de métamorphose en fonction des avancées scientifiques, il ne cherche pas cependant à retracer de manière exhaustive l’histoire de celle-ci, ni de ses utilisations dans la littérature et les sciences naturelles. Dans une démarche épistémocritique, il s’agit en premier lieu d’étudier la façon dont un savoir non-littéraire (en l’occurrence, scientifique) est intégré dans la littérature et, de manière plus générale, dans les créations artistiques. Puis, dans la continuité de cette approche, de considérer les enjeux idéologiques, philosophiques voire religieux, qui se manifestent dans le recours à cette notion au cours des siècles. À ce titre, ce livre sera à même de satisfaire les curiosités aussi bien artistiques, qu’historiques ou sociologiques.

* En collaboration avec le laboratoire d’informatique Gaspard Monge (LIGM), la Fondation Maison des sciences de l’Homme de Paris (FMSH) et le musée Fragonard de l’École vétérinaire de Maisons-Alfort.

L'interview a été réalisée par l'agence Kogito.