L’essai médiatique

Irène Langlet et Chloé Conant-Ouaked (dir.)

En étudiant ses mutations dans un environnement multimédiatique, l’ouvrage interroge les mécanismes et les enjeux d’un genre littéraire multiséculaire : l’essai

Mêlant réflexion et subjectivité, l’essai s’inscrit dans une stratégie discursive qui vise à projeter des idées personnelles dans l’espace du débat public. Si, depuis Montaigne, sa vocation reste inchangée, sa forme n’a cessé quant à elle d’évoluer au gré de l’apparition de nouveaux outils de communication.

Sous la direction d’Irène Langlet et Chloé Conant-Ouaked, L’Essai médiatique poursuit un double objectif : faire le point sur l’histoire et les théories de l’essai littéraire, et observer la façon dont de nouveaux médias se l’approprient dans un contexte d’évolution continue des industries culturelles. Issu d’un programme de recherche mené entre 2016 et 2019 par quatre universités partenaires*, il explore des territoires aussi divers que la photographie, le cinéma, la télévision ou encore la bande dessinée.

Penser l’essai en régime médiatique

Écriture non-fictionnelle caractérisée par sa dimension personnelle tout autant que par son objectif critique, l’essai littéraire résiste aux tentatives de définition au point d’être parfois qualifié de « non-genre ». Fort de cette liberté, tant de fond que de forme, il ne réfléchit pas seulement le sujet intime et les objets dont il s’empare, mais aussi sa propre écriture et son propre support.

Cette clé de lecture permet d’éclairer un certain nombre de productions hybrides ou transmedia contemporaines. Hors du champ littéraire, l’essai médiatique désigne ainsi toute forme essayiste qui ne peut se comprendre sans tenir compte précisément de ses moyens de création, de diffusion et de consommation.

Un ouvrage savant et accessible

En opérant le transfert d’une notion littéraire à des objets ou pratiques qui ne le sont pas, L’essai médiatique constitue un point d’étape important dans la recherche sur l’essai. Les 17 contributions qui le composent, pour savantes qu’elles soient, ne s’adressent pas exclusivement à un public d’initiés. La diversité des thèmes étudiés offre à chacun, en fonction de ses centres d’intérêts, la possibilité d’aborder le sujet de manière ciblée.

Dans une même volonté d’accessibilité, six planches réalisées par le dessinateur Fabrice Erre en 2019 lors du colloque de clôture du programme de recherche sont présentées entre les chapitres. Sur un ton humoristique et décalé, l’auteur y relate sa participation à l’évènement et sa perception du monde de la recherche. Approche personnelle, subjectivité assumée, choix esthétique : un bel exemple d’essai dessiné qui vient illustrer, dans tous les sens du terme, le propos du livre.

* l’équipe EHIC de l’Université de Limoges, le LISAA de l’Université Gustave Eiffel, le GIRCAM de l’Université Catholique de Louvain La Neuve et le consortium DETECt piloté par l’Université de Bologne.

L'interview a été réalisée par l'agence Kogito.