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Réseaux sociaux : à l’ère des fake news et des influenceurs malhonnêtes, un expert en désinformation nous livre trois conseils de sécurité

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Réseaux sociaux : à l’ère des fake news et des influenceurs malhonnêtes, un expert en désinformation nous livre trois conseils de sécurité

Publié en novembre 2024
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Par Fabrice Lollia, Docteur en sciences de l'information et de la communication, chercheur associé laboratoire DICEN Île-de-France, Université Gustave Eiffel

Les réseaux sociaux ont révolutionné notre manière de communiquer, de nous tenir informés et de partager les moments de notre vie quotidienne. Nous avons recours à des plateformes telles que Facebook, Twitter, Instagram et TikTok pour rester en contact avec nos amis et notre famille, faire part de nos expériences, nous tenir informés et exprimer nos opinions.

Mais outre ces fins personnelles et souvent superflues, les réseaux sociaux jouent un rôle beaucoup plus complexe et parfois troublant dans la société. Se posent alors plusieurs questions : quel est l'impact des réseaux sociaux sur les risques pour la sécurité sociétale ? Comment ces outils peuvent-ils influencer, voire perturber la société ? Et comment les utilisateurs individuels peuvent-ils atténuer les risques ?

On entend par risques pour la sécurité sociétale les menaces susceptibles de compromettre le tissu social et la stabilité d'une communauté ou d'une nation. Ces risques découlent souvent de problèmes liés à l'instabilité politique, aux inégalités économiques, aux troubles sociaux ou aux migrations à grande échelle. Par exemple, un chômage généralisé peut entraîner des troubles sociaux et mettre en péril la stabilité de la société. La mésinformation et la désinformation en sont un exemple plus parlant. La mésinformation désigne la diffusion involontaire de fausses informations, tandis que la désinformation est la diffusion calculée de mensonges dans le but de duper.

Les fausses informations qui circulent par le biais des réseaux sociaux et autres canaux peuvent polariser les sociétés, porter atteinte à la confiance envers les institutions et inciter à la violence ou à la discrimination.

J'étudie les interactions au sein des organisations, en portant une attention particulière à l'impact des nouvelles technologies et à la dynamique humaine. Dans un article récent, je tente de répondre à ces questions sur les risques induits par les réseaux sociaux. Ce faisant, j'ai étudié divers aspects des interactions entre les réseaux sociaux et la sécurité publique. Concrètement, j'ai constaté que le risque pour la sécurité sociétale posé par les réseaux sociaux est complexe, multiforme et changeant. Il appelle des recherches continues, une réglementation rigoureuse et, surtout, la nécessité pour tous les utilisateurs d'apprendre à comprendre et à explorer les environnements numériques en gardant un esprit critique.

Je livre ici trois conseils pour aider les utilisateurs à minimiser les risques liés aux réseaux sociaux tout en profitant des avantages qu'ils procurent :

  • renforcez votre culture numérique

  • évitez les pièges algorithmiques

  • signalez et bloquez rapidement les informations suspectes ou les contenus problématiques

Un éventail de risques

Les vidéos et les témoignages diffusés sur les plateformes de réseaux sociaux peuvent contribuer à relayer des événements bien au-delà de leur zone géographique. Prenons l'exemple de l'assassinat par un policier de George Floyd, un Afro-Américain, en 2020. Les événements se sont déroulés loin de chez nous, mais ont eu un impact considérable en France, où je vivais il y a encore quelques mois, et ont donné lieu à des manifestations de soutien.

La mort de Floyd a également relancé le débat sur les violences policières et le racisme en France. Ces événements ont été portés par des associations de défense des droits des personnes de couleur en France, créant rapidement un phénomène de solidarité transnationale.

En contrepartie, les vidéos et les témoignages peuvent parfois contribuer à la circulation d'informations non vérifiées, voire fausses, amplifiant ainsi les sentiments de confusion et de colère. Des recherches ont ainsi révélé que, sur des plateformes telles que X (anciennement Twitter), les « fake news » se propagent six fois plus vite que les informations avérées.

Les réseaux sociaux sont également devenus de redoutables outils d'influence. Ils permettent par exemple aux dirigeants et partis politiques d'interagir directement avec leurs électeurs, de contourner les médias traditionnels et de contrôler leurs messages en ciblant un public souvent jeune

Toutefois, se pose le risque que ce pouvoir d’influence soit utilisé de manière malveillante pour manipuler l'information. On ne compte plus les exemples de campagnes de désinformation sur des plateformes telles que Twitter ou Facebook, qu'il s'agisse de rumeurs infondées, de faux comptes ou de trolls politiques.

Ce phénomène s'inscrit dans une tendance plus large et croissante de désinformation en Afrique : le Centre d'études stratégiques de l’Afrique a révélé dans un rapport en mars 2024 que les campagnes de désinformation visant à manipuler les systèmes d'information africains ont presque quadruplé depuis 2022.

Les jeunes étant de grands utilisateurs de ces plateformes, ils sont des cibles privilégiées de la mésinformation et de la manipulation.

Ce phénomène est d'autant plus inquiétant que les États utilisent de plus en plus les réseaux sociaux comme champ de bataille pour mener des « guerres de l'information ». Ces combats sont livrés à l'aide d'informations avérées ou fallacieuses et non avec des armes traditionnelles. Ils visent à peser sur l'opinion publique, à déstabiliser les opposants politiques et à promouvoir les intérêts nationaux. L'ingérence électorale via les réseaux sociaux est devenue monnaie courante, avec des accusations de campagnes de désinformation orchestrées pour perturber les résultats des élections.

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Le dangerosité potentielle des réseaux sociaux ne se limite pas à la politique ou à la mésinformation. Les plateformes en ligne sont devenues un terrain fertile pour la diffusion de discours extrémistes. Elles sont en effet très faciles d'accès et offrent la possibilité de contacter directement les personnes.

Des recherches indiquent que les organisations extrémistes ont recours à ces plateformes pour diffuser leurs idéologies, en ciblant souvent les jeunes vulnérables et en profitant de leur sentiment d'exclusion ou de leur quête d'identité. (Les réseaux sociaux ne sont pas le seul facteur de radicalisation. Il s'agit d'un processus complexe. Toutefois, leur rôle ne doit pas être ignoré).

Bien entendu, les gouvernements et les entreprises technologiques ont un rôle majeur à jouer dans la résolution de ces problèmes. Ensemble, ils peuvent élaborer des stratégies efficaces pour détecter et contrer la mésinformation et la désinformation, en veillant à ce que les plateformes de réseaux sociaux restent des sources d'information fiables et ne deviennent pas des outils de manipulation et de mensonge.

Les utilisateurs ont également un rôle important à jouer pour renforcer la sécurité des espaces en ligne.

Mes trois conseils

1. Renforcez votre culture numérique : au fil de mes recherches, j'ai compris qu'il était essentiel d'apprendre à gérer l'information pour pouvoir lutter contre la désinformation. Les utilisateurs doivent porter un regard critique sur les informations afin d’identifier les sources fiables. Il existe des initiatives destinées à faciliter ce processus d'apprentissage, comme la collaboration entre WhatsApp et la fondation NASSCOM en Inde, qui vise à former les utilisateurs à la détection des « fake news ».

Pour confirmer la véracité des informations qui circulent en ligne, il est possible de faire appel à des outils et à des plateformes de vérification des faits, comme CheckNews ou Africa Check de Libération.

2. Évitez les pièges algorithmiques : faites attention aux biais algorithmiques. Mes recherches et celles de pairs ont révélé que les algorithmes ne sont jamais neutres, et ce, en raison des biais inhérents à leur fonctionnement et de la nature opaque de ces systèmes. Ces biais peuvent conduire les utilisateurs vers des bulles de filtres et favoriser la mésinformation afin d'alimenter la désinformation. Il est donc essentiel de diversifier ses sources d'information et de suivre des comptes qui présentent des perspectives variées.

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3. N’hésitez pas à signaler et à bloquer : si vous tombez sur des informations suspectes ou des contenus problématiques, utilisez les fonctions de signalement des plateformes pour alerter les modérateurs. Il est également conseillé de bloquer les sources récurrentes de désinformation afin de se prémunir contre toute nouvelle exposition à ces informations.

Fiche d'identité de l'article

Titre original :

Social media: Disinformation expert offers 3 safety tips in a time of fake news and dodgy influencers

Auteur :Fabrice Lollia (Université Gustave Eiffel)
Éditeur :The Conversation France
Collection :The Conversation France
Licence :Cet article est republié à partir de The Conversation France sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Une version française a été créée par Hancock & Hutton pour l'Université Gustave Eiffel et a été publiée par Reflexscience sous la même licence.
Date de parution :26 novembre 2024
Langues :Anglais et français
Mots clés :

Algorithme, Réseaux sociaux, Extrémisme, Culture numérique, Mésinformation, Sécurité en ligne, Désinformation, Internet africain, Plateformes de réseaux sociaux, Biais algorithmiques, Vérification des faits, George Floyd, Manifestations et émeutes consécutives à la mort de George Floyd.