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Podcast Échos du savoir - Saison 5

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Quelles sont les clés d’une recherche participative réussie ?

Regards croisés

Les équipes porteuses du projet EQUIPACT ont inclus une tiers-veilleuse, en la personne de Lucile Ottolini, sociologue spécialiste de recherche-action participative et de l’évaluation des politiques publiques. Elle nous explique son rôle en compagnie des deux coordinateurs du projet, Evelyne Lhoste, chercheuse au LISIS, et François Millet, directeur de projets "Sciences et société" du Dôme.

Qu’est-ce qu’une tiers-veilleuse ?

Lucile Ottolini : C’est une fonction présente depuis un peu plus d’une dizaine d’années en recherche participative. Mais malgré des recherches bibliographiques avec les membres du consortium EQUIPACT, nous n’avons pas trouvé de pratiques formalisées et consensuelles sur la fonction. C’est donc une fonction encore assez floue, mal définie. Avec toutefois un aspect qui ressort de nos lectures : sa fonction normative, garante de la bonne répartition des ressources entre les membres d’un consortium (entre association, entreprise et laboratoire institutionnel par exemple), ou du respect de l’éthique au sein du consortium. 
Avec EQUIPACT, nous sommes sortis de ce cadre extérieur, qui peut être surplombant, puisque j’ai été impliquée dans plusieurs composantes. Au fil des mois, j’ai appréhendé mon rôle comme celui d’une facilitatrice. Un travail informel, très humain : comprendre les positions des uns et des autres, faciliter le compromis par exemple.

François Millet : Ce qui est intéressant ici c’est que nous sommes quasiment dans une triple coordination du projet avec Lucile et Evelyne. Nous sommes là tous les trois pour orienter les flux, les énergies des collègues.

Lucile Ottolini : J’ai mené des entretiens avec chacun des partenaires pour documenter leurs expériences antérieures de la recherche participative, avec ce qui avait fonctionné ou non, ainsi que leurs attentes sur ce projet. J’ai aussi aidé à la composante “communication et diffusion des résultats” d’EQUIPACT et à l’enquête sur les pratiques et motivations pour la recherche participative. Je ne suis pas restée externe au projet. Cette expérience m’a convaincue de l’importance de la fonction de tiers-veilleur et de celle des temps informels pour fluidifier la recherche participative. Mon expérience de psychologue ne m’avait jamais autant servi dans mes activités scientifiques.  

Les relations humaines et l’interaction sont en effet essentielles dans la recherche participative. Comment avez-vous vécu cela avec treize structures impliquées ?

François Millet : Nous avons appris à travailler ensemble. Nous avons dû nous former, nous créer un langage commun pour pouvoir avancer. On a trouvé des méthodes pour lever ces difficultés au fil de l’eau. Comprendre par exemple que toutes les structures et personnes participantes ne veulent pas forcément aller au même endroit est essentiel, tout comme se rendre compte que cette différence d’objectif n’empêche pas de travailler ensemble. Certaines d’entre elles ont aussi mis du temps à se saisir de la recherche participative, et d’autres en faisaient déjà sans en avoir conscience.

Evelyne Lhoste : En effet, toutes ne se sentent pas légitimes dans ces activités. On a observé qu’au fur et à mesure, les gens se sentent à leur place et chacun reconnaît les compétences et connaissances des autres. La recherche participative n’est pas destinée à remplacer la recherche académique ou la recherche industrielle, c’est une autre forme de recherche qui mérite d’être mieux connue et valorisée. Certains travaux scientifiques montrent qu’apporter des savoirs d’expérience, ouvrir la recherche à d’autres acteurs permet de mieux prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux, et donc de changer la nature des innovations produites.

En savoir plus sur les porteurs de projets

Evelyne Lhoste

est une sociologue de l’innovation. Elle travaille sur les intermédiations, dans les processus d’innovation, sur les tiers-lieux et leur rôle dans les transitions environnementales et sociales. Elle coordonne EQUIPACT et sa composante « Expérimentation d’ASIRPA temps réel ».  Elle est membre active de la plateforme ALLISS. Elle est à l’origine d’un diplôme universitaire qui doit ouvrir à l’Université Gustave Eiffel à la rentrée 2025.

 

 

 

François Millet 

est l'un des co-fondateur et responsable de projets culturels et de recherche participative au Dôme – Centre de Sciences de Caen Normandie. Cet établissement est organisé en tiers-lieu, où la médiation culturelle et scientifique à dimension participative est à l’honneur, avec un fort ancrage dans l’éducation populaire, la culture du « faire » et un regard attentif sur toutes les innovations pédagogiques et collaboratives venues du monde du numérique. 

 

Lucile Ottolini 

est une psychologue clinicienne et docteure en sociologie. Ses travaux sont conduits dans des approches de recherche action et de recherche participative. Récemment, elle a travaillé sur la protection de l’enfance, les tiers-lieux et la santé communautaire.