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Quelles sont les clés d’une recherche participative réussie ?
Ressources et productions
L’observatoire des recherches participatives
Marie-Hélène Desestre, de l’association RESOLIS qui valorise les savoir-faire de terrain, entre sciences et citoyens, est responsable de la composante « Observatoire des recherches participatives » pour EQUIPACT. C’est toute l’expérience de RESOLIS qu’elle met ainsi au service du projet : « 1800 initiatives de terrain sont aujourd’hui recensées par l’Observatoire de RESOLIS, le plus souvent sur des thématiques écologiques ou sociales. Nous recensons le cadre et le contexte de chaque projet, ses objectifs, ses actions, mais aussi le retour d’expérience avec les difficultés rencontrées ou les perspectives envisagées. Toute initiative enregistrée est relue par notre comité de lecture avant mise en ligne. »
C’est dans cette même optique qu’a travaillé la composante « Observatoire » d’EQUIPACT : « L’objectif est que chaque acteur s’exerce à cette méthodologie, et que ce travail collectif nous permette d’identifier des pistes d’amélioration pour cette mission d’observatoire. Cela permettra également de valoriser les initiatives de recherche participative. »
L’enquête sur les conditions d’émergence des projets de recherche participative
Historien et ingénieur de recherche au CNRS au sein de la Maison des sciences de l’Homme SUD, Julien Mary a coordonné les réflexions sur les conditions d’émergence des recherches participatives. Comment passer de l’identification d’un besoin de recherche à la formulation d’une problématique et la mobilisation d’acteurs concernés et impliqués ? Pour répondre à ces questions, une enquête en deux phases a été menée : un questionnaire en ligne co-construit par les membres d’EQUIPACT, « pour documenter les enjeux de transition (qui sont au cœur des recherches menées par les structures) », puis une série d’entretiens menés pour l’essentiel par l’ingénieure du projet, Jimena Sierra Andrade (LISIS).
Parmi les premiers résultats qui émergent de ce processus en cours, Julien Mary constate que « souvent le processus de co-construction des connaissances par la recherche participative n’est pas un objectif en soi. Les projets de recherche sont motivés par la volonté d’agir sur une situation problématique, et la recherche est un moyen d’y parvenir ». Que ce soit pour mieux comprendre un processus socio-environnemental complexe, faire évoluer une pratique professionnelle, co-développer une innovation socio-technique, etc., la recherche participative est envisagée comme le meilleur (voire le seul) chemin possible pour penser collectivement une question et faire commun autour d’un objectif transformatif. Cela nécessite de donner voix à certains acteurs non-reconnus comme partenaires de la recherche académique. Une volonté de faire évoluer la relation sciences-société s’exprime. D’une approche déficitaire à une approche capacitaire, le monde n’est plus (seulement) constitué de publics à éduquer, mais d’une communauté d’acteurs porteurs d’expertise et de savoirs d’expérience, « de messages politiques » et de projets d’ « émancipation », appelés à s’hybrider avec les connaissances scientifiques.

La formation aux intermédiations de recherche
Coordinatrice de cette thématique dans EQUIPACT, Catherine Duray est chargée d’études et de formation au sein du Réseau des Créfad. Ce réseau regroupe seize associations travaillant dans le domaine de l’éducation populaire et compte parmi ses actions la formation au DHEPS (Diplôme des Hautes Études des Pratiques Sociales).
Pour cette bénévole, l’intermédiation est essentielle dans le projet : « C’est tout le travail qui permet à des acteurs qui sont inégaux en termes de statut, de ressources ou de champ de compétences, de faire avancer ensemble les connaissances. » L’intermédiation dépasse le niveau d’un projet de recherche, elle recouvre toutes les activités de mise en lien des acteurs, depuis le diagnostic d’un problème jusqu’à sa résolution. Elle nécessite donc des compétences très variées, et distribuées dans la société.
Pour EQUIPACT, l’équipe a mené un recensement des formations existantes dans le domaine de la recherche participative : « Le but n’est pas d’être exhaustif mais d’interroger les besoins en formation chez nos contributeurs. L’enjeu n’est pas l’uniformisation des formations, mais la mise en lumière de leur diversité, qui fait écho à la variété des situations auxquelles elles répondent. »
En 2025, la création du D.U. de l’Université Gustave Eiffel « Co-Recherche en Transition : accompagner le changement dans les processus d’innovation multi-acteurs pour les transitions environnementales et sociétales » est liée à ce travail mené par EQUIPACT.
L’expérimentation ASIRPA temps réel
ASIRPA (pour Analyse des impacts sociétaux de la recherche) est le fruit du travail de chercheurs d’INRAE. Conceptualisée en 2011, cette approche a permis d’évaluer l’impact sociétal des recherches dans plus de 60 cas. Évelyne Lhoste, chercheuse à l’INRAE, responsable de la composante « ASIRPA temps réel » d’EQUIPACT résume l’objectif de cette méthode en quelques mots : « réfléchir à la manière dont notre travail de recherche pourrait produire de l’impact permet d’échanger collectivement et de manière itérative sur l’évolution conjointe d’EQUIPACT et du contexte dans lequel il s’inscrit, sans perdre de vue notre objectif final. Nous avons essayé d’anticiper les changements souhaitables et d’approcher de nouveaux partenaires, indispensables à la réalisation de nos actions. Nous avons observé un gain de légitimité des chercheurs issus du monde associatif ».
Le consortium doit aussi intéresser les parties prenantes concernées afin de produire du changement. C’est pourquoi il souhaite faire connaître les résultats de ses travaux dans les réseaux de la recherche participative : l’enquête sur les conditions d’émergence, les données sur la formation, l’existence de l’observatoire de la recherche participative, et l’usage de la méthode ASIRPA temps réel.