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Une vingtaine d'ateliers à découvrir sur des thématiques très variées.

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Une étude inédite sur le vécu réel des personnes déficientes visuelles

Regards croisés

Entretien avec Caroline Pigeon, chargée de recherche au Laboratoire Ergonomie et Sciences Cognitives pour les Transports (LESCOT) ; Mireille Prestini, ancienne Directrice générale de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF) ; et Michel Rossetti, vice-président de la Fédération Française des Associations de Chiens Guides d’aveugles.

Quels sont les atouts et les difficultés de cette recherche participative ?

Caroline Pigeon : Travailler avec les personnes concernées permet d’apporter plus de pertinence, de rendre des conclusions avec un plus fort potentiel d’impact sur leur vie quotidienne. C’est toujours source d’enseignement. De l’autre côté, la difficulté réside dans le fait que les associations et la recherche n’ont pas les mêmes notions de temps et d’argent. La recherche participative est passionnante mais elle doit être financée par une autre instance, au risque de nous mettre dans un rôle de prestataire.

Mireille Prestini : La responsabilité des associations ne devrait en effet pas consister à financer mais à apporter des compétences et savoirs. Pourtant, il s’agissait là du seul moyen pour initier une recherche sur la déficience visuelle.

La rencontre de ces deux mondes nécessite une bonne communication et des compromis. Il faut pouvoir comprendre les enjeux des uns et des autres et je crois que l’engagement de chacun a été exemplaire à ce niveau. Nous avons tous ensemble relevé le défi grâce à beaucoup d’énergie et de respect mutuel.

Cette étude apporte une vision qui nous manquait pour mieux connaître et accompagner ce public.

Qu’a permis l’étude selon vous ?

Caroline Pigeon : Avant tout, grâce à la démarche participative, nous avons pu nous assurer que les thèmes abordés dans le questionnaire portent sur des enjeux concrets de la vie quotidienne des personnes concernées. De plus, en tant que chercheurs, il est souvent difficile de trouver suffisamment de participants pour mener une étude de grande ampleur, surtout avec des publics spécifiques. La motivation et le travail des associations pour que cette recherche ait lieu ont ainsi permis d’obtenir ce large échantillon de répondants. La démarche participative nous a aussi permis d’adapter certaines choses en se fiant aux préconisations des associations. Par exemple, nous avons travaillé à une meilleure accessibilité du questionnaire pour qu’il puisse aussi s’effectuer par téléphone (moyen qui représente finalement 10 % de l’échantillon total).

Michel Rossetti : Ce projet a permis d’une part de réunir des associations qui ont chacune leur propre action, et d’obtenir d’autre part une photographie qui permettra d’ouvrir d’autres chantiers pertinents à l’avenir. Cette étude apporte une vision qui nous manquait pour connaître le public auquel on s’adresse et ses difficultés pour mieux l’accompagner. Au-delà des résultats, elle a fait la démonstration de l’importance du travail collectif : en groupe, nous sommes plus forts et plus visibles.

Mireille Prestini : C’est un constat, le monde associatif de la déficience visuelle est assez fragmenté. Se regrouper autour d’un projet de recherche aura permis de dépasser les intérêts individuels pour servir les intérêts de tous. Les résultats de l’étude vont nous permettre d’adapter nos actions et notamment d’ouvrir la voie à la création d’un observatoire de la déficience visuelle.

En savoir plus sur les porteurs de projets

Caroline Pigeon

Aujourd’hui chargée de recherche au Laboratoire Ergonomie et Sciences COgnitives pour les Transports (LESCOT) à l’Université Gustave Eiffel, Caroline Pigeon a été recrutée en 2020 en tant que post-doc par le laboratoire DIPHE de l’Université Lyon 2 qui faisait partie du consortium de recherche choisi pour mener l’étude Homère.

Mireille Prestini

Directrice Générale de la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF) de 2016 à 2023, Mireille Prestini est à l’origine de l’appel à projets qui a permis de regrouper un collectif de 8 associations ainsi que l’Institut national des jeunes aveugles.

 

 

 

Michel Rossetti

Atteint de cécité complète depuis 1989, Michel Rossetti a été administrateur de la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles (FFAC) dès 2005. Il en est le vice-président depuis 2009.