marnes, documents d’architecture

Eric Alonzo, enseignant à l’ENSA de Paris-Est, directeur du laboratoire OCS, UMR 3329 AUSSER, codirecteur éditorial de marnes, documents d’architecture

La revue marnes, documents d’architecture a pour objectif de collecter et partager des ressources intellectuelles couvrant tous les domaines de l’architecture, en se situant à mi-chemin entre revue de fond et anthologie de référence.

L'Observatoire de la condition suburbaine (OCS), l’équipe de recherche de l’école d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est, a intégré, dès sa création, l’édition scientifique dans ses missions. Cela s'est concrétisé par la création et l'édition de la revue marnes, documents d’architecture sous la direction d’Éric Alonzo et Sébastien Marot. Marnes est à la fois un relai et une dimension à part entière des activités pédagogiques et de recherche de l’école. Cinq volumes ont, à ce jour, été publiés et un sixième est en préparation.

Une vocation anthologique assumée pour marnes

L'anthologie est au cœur de l’identité éditoriale de la revue marnes, documents d’architecture. Celle-ci se nourrit du travail d’enseignants-chercheurs qui vise à mettre au jour – souvent à destination des étudiants – des textes de référence utiles pour penser les questions actuelles. Ce lien établi avec le passé n’est donc pas exactement celui de l’historien ou de l’historiographe qui étudie surtout les textes en tant que produits de leur temps. Il se rapproche plus de celui de l’avocat qui s’appuie sur les précédentes décisions de justice pour établir une jurisprudence pour le présent. D’où l’épigraphe de marnes empruntée à Friedrich Nietzsche : « Féconder le passé pour enfanter l’avenir, que tel soit mon présent. ».

L’angle éditorial de marnes. se situe à équidistance des histoires « monumentale », « antiquaire » et « critique » distinguées par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche dans ses Considérations inactuelles. Ce matériau procède généralement souvent d’une introspection de la discipline considérée, à l’instar du traité sur L’Art d’édifier de Leon Battista Alberti au xv^e siècle, comme le socle commun des arts de l’aménagement réunissant l’architecture, la construction, l’urbanisme, le paysage et l’environnement.

Eclairer le futur de l'architecture par une connaissance critique du passé

Plus de la moitié de chaque volume de la revue marnes est composée de textes écrits, pour la plupart au xx^e siècle, dans une langue étrangère (anglais, espagnol, italien, allemand) et très souvent inédits en français. La version traduite est dotée d’un appareil critique destiné à en faciliter la compréhension par le lecteur contemporain et s’accompagne le plus souvent d’un article introductif sur sa genèse et son actualité. Cette activité de « conversation » avec un écrit par sa traduction et sa recontextualisation fait l’objet d’un enseignement optionnel de master à l'école. Ouvert à des étudiants intéressés par la recherche ou simplement curieux des productions théoriques de la discipline, il alimente en partie le contenu de marnes : les étudiants sont ainsi associés à la production du contenu d’une revue dont ils sont aussi les premiers destinataires.

Les sujets discutés sont très variés et peuvent concerner, par exemple, la querelle anglaise des années 1950 sur l’origine classique ou pittoresque de l’architecture moderne, un essai de l’architecte Manuel de Solà Morales sur la doctrine barcelonaise du projet urbain à la fin des années 1980, ou encore une conférence donnée en 1992 par l’ingénieur suisse Jürg Conzett, proposant une critique des murs de soutènement édifiés dans les paysages alpins.

La revue marnes publie également des contributions nouvelles qui ont la particularité d’établir un lien avec le passé ou de questionner la tradition de l’architecture, souvent sans relation directe avec une actualité immédiate. Elles ont vocation à devenir des textes de référence et, pourquoi pas, à intégrer une anthologie future.

Il peut s’agir aussi bien d’un texte court de l’architecte Éric Lapierre qui, à l’appui d’un corpus de huit bâtiments du xx^e siècle, milite pour un dialogue entre l’architecture et le contexte fondé sur une grande autonomie de l’objet construit, que de la transcription de la conférence que Denis Meadows, cheville ouvrière du premier rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance, a donné en 2011 à l’Ensa Paris-Est sur la ville de l’après-pétrole.