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Cartographier les bruits d’une ville grâce à ses habitants

Regards croisés

Entretien avec Arnaud Can, chercheur en acoustique à l’UMRAE (Université Gustave Eiffel / Cerema) ; Philippe Audubert, adjoint Politique publique en faveur des personnes âgées et de la prévention de la santé à la Ville de Rezé ; Claire Guiu, adjointe Pôle Aménagement - Paysages et écologie, et Gwladys Diquelou, chargée de mission Environnement à la Ville de Rezé.

Comment est né ce projet ?

Philippe Audubert : Fin 2021 l’Université Gustave Eiffel nous a invités à participer à un projet expérimental autour de la question du bruit en ville. L’idée d’un travail de terrain avec les habitants nous a d’emblée intéressés. Comment vivent-ils et perçoivent-ils leur environnement sonore ? Quel impact sur leur vie quotidienne ? Ce projet apporte un double éclairage : sur l’environnement urbain mais également sur des questions de santé et de nuisances sonores. Il illustre par ailleurs l’engagement de notre ville en tant que membre du réseau Villes-Santé.

Quelles sont les caractéristiques acoustiques de Rezé ? Comment l’environnement sonore est-il perçu par ses habitants ?

Arnaud Can : D’un point de vue acoustique, la ville de Rezé est un territoire de contrastes avec d’une part l’aéroport et les axes routiers qui représentent une gêne mais d’autre part des zones touristiques et des endroits calmes prisés des habitants.

Claire Guiu : Le son a un aspect fédérateur et cette expérience apporte un éclairage sensible à partir du ressenti des habitants. Elle révèle également les écarts qui peuvent exister entre les documents réglementaires et les perceptions citoyennes.

Une prise de conscience collective autour de la question de l’environnement sonore urbain.

SonoRezé s’inscrit dans un triptyque « Collectivité - Habitants - Chercheurs ». Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche ?

Philippe Audubert : Elle permet une prise de conscience collective autour de la question de l’environnement sonore urbain, bien au-delà des stéréotypes qui voudraient que le bruit soit toujours perçu comme nuisance.

Arnaud Can : Par le passé, les chercheurs universitaires ont souvent été tenus à l’écart des collectivités mais il y a aujourd’hui un véritable engouement pour la recherche-action et ce projet en est la parfaite illustration. Il associe les habitants dans des actions pour l'amélioration des environnements sonores de leur quotidien.

Gwladys Diquelou : Il faut également souligner que SonoRezé suscite l’intérêt d’autres services de la Ville tels que l’urbanisme et la tranquillité publique. Le projet s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans le cadre du plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE) porté par Nantes Métropole et permet d’avoir une meilleure compréhension des zones calmes, sans se focaliser toujours sur l’aéroport. Les ambiances sonores ne sont pas uniquement des incidences, elles peuvent être positives et agréables.

Quelles suites pour le projet ? A-t-il vocation à faire des émules dans d’autres villes ?

Arnaud Can : Nous envisageons lors de la seconde phase du projet, SonoRezé II, de réfléchir à des modalités de transferts vers d’autres territoires avec éventuellement l’édition d’un guide à destination des collectivités et des habitants.

Philippe Audubert : Le projet a trouvé un écho favorable auprès d’autres collectivités de la région mais pour l’heure les contacts restent informels. Le second volet qui s’ouvre avec une équipe et des moyens étoffés devrait en effet permettre d’approfondir cette question.

Claire Guiu : Avec SonoRezé II, nous devrions notamment pouvoir financer la création d’événements artistiques en lien avec le projet. À l’occasion du séminaire de clôture, en juin 2022, nous avions organisé des performances avec des artistes locaux, en lien avec les environnements sonores rezéens.

En savoir plus sur les personnes interviewées

Claire Guiu

Adjointe à la Ville de Rezé, Claire Guiu est coordinatrice du Pôle Aménagement - Paysages, écologie et déléguée à l'urbanisme et à la ville-nature. Elle est enseignante-chercheuse à l’Institut de Géographie et d'Aménagement Régional de l'Université de Nantes (IGARUN).

 

 

   

Philippe Audubert

Formateur spécialisé dans la création et la production dans le domaine du spectacle vivant, Philippe Audubert a été pendant 22 ans directeur adjoint de Trempolino, une structure nantaise d'accompagnement aux pratiques des musiques actuelles. Il est aujourd’hui adjoint en charge de la politique publique en faveur des personnes âgées et de la prévention de la santé à la Ville de Rezé.

Arnaud Can

Directeur de recherche à l’Unité Mixte de Recherche en Acoustique Environnementale (UMRAE), ses travaux portent principalement sur la caractérisation des impacts sonores en milieu urbain et sur leur modélisation.